Aujourd'hui, my sweet Ginet reprend du service même si elle n'a jamais vraiment cessé de rouler, surtout à l'intérieur de la ville. Il fait bon rouler ce matin pour une petite centaine de kilomètres à travers champs et sables. D'abord, sortir de la ville, sans griller les feux oranges... Ce qu'il y a de super à vélo, c'est qu'on n'a pas de plaque et qu'on ne vous demande jamais votre permis...
Franchir le Bou-Regreg. En amont du pont, presque rien n'a changé...
Franchir les Trois Portes, et prendre tout de suite à gauche dans les nouveaux quartiers de Salé qui ont remplacé les petits jardins maraîchers... Je m'arrête au "SnacK d'Océan", je prend des forces pour 20 dirhams (2 euros!!!) coca-cola compris.
Gagner le bord de mer... Et le suivre, cap au Nord...
"Et mon ombre se déshabille dans les bras semblables des filles où j'ai cru trouver un pays... Est-ce ainsi que les hommes vivent et leurs baisers au loin les suivent, comme des soleils révolus..."
"Philistins épiciers, tandis que vous caressiez vos femmes, en songeant aux petits que vos grossiers appétits engendrent... Vous pensez ils seront menton rasé ventre rond, notaires... Mais pour bien vous punir, un jour vous voyez venir sur terre, des enfants non-voulus qui deviennent chevelus, poètes"
"Campagnes" à la lisière du plus bel océan du monde...
Pour prendre ces images, je suis obligé de me coucher dans l'herbe et la terre rouge. En fin de journée, je serai aussi poussiéreux qu'un jeune chenapan turbulent...
Après la Plage des Nations, le chemin se perd dans les pierres et dans les sables. Je suis obligé bien souvent d'aller à pied, je passe une fois de plus ma main droite dans le guidon d'acier de my sweet Ginet, et nous allons à deux au rythme paisible d'une promenade improbable, loin des routes et des foules... Sur la photo, tout au bout de l'immense plage, on commence à deviner la tâche blanche de Mehdia...
Un pêcheur suit de près la côte, nous arriverons presque ensemble à l'embouchure du Sebou.
Entre deux sables, on musarde, on prend la pose avec my sweet Ginet...
En approchant de Sidi Taïbi, des petits bergers-footballeurs sont à peine surpris de me voir passer au milieu de leur univers...
Ils me regardent m'éloigner sans oser traverser le petit carré d'un blé qui lève... Bravo les petits bergers...
Aux abords du lac de Sidi Boughaba, les genêts blancs sont en pleine floraison, cela embaume, des senteurs de miel clair, un parfum transparent qui entre par les narines et reste prisonnier entre vos yeux et vos oreilles, une odeur de paradis...
Le lac de Sidi Boughaba juste avant d'arriver à Mehdia...
Au bout du lac de Sidi Boughaba, sous le grand Marabout, j'ai beau expliquer à deux petits marchands d'escargots qu'ils sont trop petits pour enfourcher my sweet Ginet, rien n'y fait, je finis par céder : cela chancelle un peu comme une balancelle pendant les premiers mètres, puis ça roule, et on sourit avec bonheur, fier comme (bar-tabac) Artaban...
Après avoir longé le lac aux senteurs de miel d'acacia, revoilà les beaux reflets de l'océan à l'entrée de Mehdia.
Mehdia-Plage, boulevard du Front de Mer, je reconnais une maison où j'ai dormi jadis, mais je ne cherche pas à savoir ni ce qu'elle fut, ni ce qu'elle est devenue, elle est devenue une simple image du temps qui passe, "le temps qui ne saura jamais comment pourquoi le vent, vient souffler sur nos vies et le vide le suit..." Je continue sans m'arrêter vers les jetées du Sebou, vers la houle immuable...
Personne pour surfer cette vague dans le courant de la jetée... Elle est toute entière pour Bertrand.
Dans la passe du Sebou, les pêcheurs négocient la houle avant de remonter le havre de la rivière. Aujourd'hui, la passe reste maniable, mais la vigilance est toujours de mise...
Au bout de la jetée, un loup surpris par une ligne, vient de passer du grand océan à une petit flaque d'eau saumurée dans un recoin de la digue... Un aller simple sans espoir de retour, une ultime piscine, je ne peux rien pour lui. Au Maroc, le loup se dit tout simplement "lelou", le mulet "bouri", le sar "chargo", la sole est parfois appelée "hout Moussa", le poisson de Moïse, car une légende rapporte que Moïse, au moment d'ouvrir les flots de la Mer Rouge, rencontra une sole qu'il coupa en deux pour n'en garder qu'un oeil...
Dans les pierres de la jetée, un pêcheur a pris racine, c'est là qu'il dort, c'est là qu'il vit, attendant aujourd'hui que la houle baisse pour aller caler son filet avec son bateau-chambre-à-air. Chapeau l'artiste... Par-dessus les toits, un redoutable "chat de garde" veille sur la demeure de son maître...
Les pêcheurs continuent à remonter le Sebou jusqu'au port de Mehdia, au pied de la citadelle portugaise... Je dois déjà rentrer vers Rabat, le soleil décline.... Je m'en retourne donc paisiblement vers ma ville natale avant la nuit...
Sur le chemin du retour, une dernière photo du Marabout de Sidi Boughaba avant la nuit...
La nuit est tombée quand je traverse le bois d'eucalyptus de Bouknadel. Je revêts mon bonnet de nuit, pas pour dormir, simplement pour protéger mon front du soir encore humide ce 2 Mars. La cinquantaine, ça vous fragilise un peu parfois... Il me reste une vingtaine de kilomètres pour arriver aux 3 portes de Salé, puis une huitaine à travers la ville... Lorsque j'arrive chez Antoinette, il est plus de 20 heures. Je suis vanné, une fatigue comme je les aime... Demain, puisque tout le monde est sage, nous irons faire un tour à Salé avant de voir la pleine lune se coucher sur les remparts de Rabat...
Les chiffres du jour : Vendredi 2 Mars 2007 :
(voilà 1 mois que j'ai quitté my sweet home en Cévennes)
Rabat / Mehdia / Rabat : 93,11km - 16,92km/h
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