samedi 3 mars 2007

Jour 31 : RABAT - Pleine lune sur les Remparts



Aujourd'hui, je commence ma journée par la visite du lycée de jeunes filles où Maman a été pensionnaire. L'école est fermée pour cause de vacances scolaires, mais il y a un gardien sympa qui m'ouvre le portail principal. "C'était hier, ce matin-là, c'était hier, et c'est loin déjà" On clique sur le lien bleu sans hésiter pour savourer ce clip musical réservé aux mélomanes: c_etait_hier







Le lycée de jeunes filles s'appelle aujourd'hui lycée Lalla Aïcha. Lalla Aïcha, fille du Roi Mohamed V et tante du Roi Mohamed VI, fut l'animatrice du mouvement d'émancipation féminine au Maroc. Le 11 avril 1947 à Tanger, lors du fameux voyage de l’unité au cours duquel Mohamed V exigea l’indépendance du Royaume, Lalla Aïcha alors âgée de 17 ans, prit la parole en public à la place du Grand Socco, à Tanger. Vêtue d’un tailleur Lanvin en soie bleue et sans voile, la Princesse appela à la scolarisation des jeunes filles et à l’indépendance du Royaume lançant un appel solennel à la femme marocaine afin qu'elle prenne une part active à la vie nationale. De mars 1965 à décembre 1968, la Princesse Lalla Aïcha occupa le poste d'ambassadeur du Maroc en Grande Bretagne, et devint la première femme ambassadeur du monde arabe, puis ambassadeur du Maroc à Rome de 1969 à 1972.























Un lycée de jeunes filles, même sans les jeunes filles, ça creuse. Comme hier au "SnacK d'Océan" à Salé,  je me restaure encore pour 2 euros dans une rue adjacente...











Passage devant le théâtre Mohamed V, on dirait qu'il a servi d'amphithéâtre aujourd'hui. Dans les années 60, l'école de danse de Madame Del Cambi y donnait ses galas de fin d'année, Maman participait aux décors, parmi eux un pêcher couvert de deux mille petites fleurs en papier crépon... "Laissez brûler les petits papiers, papiers d'argent ou d' Arménie, qu'un soir ils puissent, papier maïs, nous réchauffer..."



Aujourd'hui, je vais tout simplement à Salé la blanche, la voisine. Le Bou-Regreg sépare Rabat de Salé, et unit les deux cités grâce aux anciens et aux nouveaux ponts. On oublie souvent d'aller à Salé, c'est pourtant une ville magnifique, avec un passé chargé d'histoire où plane l'ombre lointaine des pirates barbaresques. C'est sûr, dans une autre vie, j'ai été pirate... Je me sens bien à Salé la discrète, qui m'offre une jolie vue sur ma ville natale...















































Regarder la mer, savourer le soleil qui décline avec des yeux de chat ou d'homme assis sur une sweet Ginet... Même plaisir, même douceur...



Vue de Salé, la  Kasbah  des Oudaïas n'est rien d'autre qu'un bateau de pierre posé sur l'embouchure du Bou Regreg...







Quand on passe le cimetière de Salé, on longe encore un vieux rempart en bord mer. Dans son ombre, un immense terrain vague, terrain de jeux, terrain de fêtes... Une foule se rassemble au son des "riatas", des cris fusent, une femme échevelée danse, se contorsionne, parfois l'angoisse se lit sur les visages, mon voisin me parle du diable, j'ose à peine prendre des photos...







C'est elle qui mène la danse avec son foulard jaune, elle jubile, elle invective, elle commande, elle jure... Et au coeur de la petite arène, le diable se contorsionne...















Cela finit par arriver, le foulard jaune m'a vu, on me brandit une "zarroueta" d'eucalyptus en me demandant si je suis américain, je prends une dernière photo et je m'éloigne vers la paix des vieux remparts... Je suis un pirate, j'ai volé quelques secrets d'une croyance chamanique...



















Au fond à gauche, dans l'ombre des remparts, des croyances rassemblent la foule, laissant plus loin à quelques solitaires un spectacle plus concret, la mouvance immuable du grand océan...







Il faut aller se perdre dans la grande Médina de Salé, elle recèle des secrets superbes...











Les remparts de Salé et de Rabat sont frères, même peau ocre...



Je repasse le Bou-Regregle monde des barcassiers décline comme le soleil couchant...



Quartier du phare de Rabat : dernières lumières d'une belle journée...



J'attends là quelques instants à guetter ces silhouettes promenant comme moi leurs pas dans mon premier monde. J'attends que la pleine lune s'élève au-dessus des remparts de la maternité de la Maréchale... Ma soeur Joëlle y est née voilà 57 ans, un beau matin de pleine lune... Aujourd'hui c'est la pleine lune de ma soeur Joëlle, bon anniversaire ma Jo...











Pleine lune au-dessus des remparts de la maternité de la Maréchale, et puisque c'est sur ma route, pleine lune sur mes écoles, Jeanne d'Arc, Cézanne, Descartes, "pauvres grands disparus gisant au Panthéon, pauvres cendres de conséquence, vous envierez un peu l'éternel estivant qui fait du pédalo sur la vague en rêvant, qui passe sa mort en vacances..."



















Et puis tant qu'à faire, pleine lune sur ma pomme aussi...




Je n'allais pas oublier ma petite église  Saint Pie X où je servais la messe avec mon frère Philou dans l'autre millénaire... Continuer à fredonner des vielles chansons de messe,  même si on est sûr de rien, poser des gerbes orangées de montbrésias au pied des autels pour que se dresse toujours, dans les ciels de pleine lune, l'ombre de la croix comme l'esprit sacré des immortelles de Bouknadel. Uniquement pour les mélomanes avertis, on clique sur le lien bleu illico-presto-derechef :  mon_dieu__mon_dieu 

Même si tout le monde est sage, demain commence la route du retour. Elle nous fera traverser Kenitra puis retrouver Moulay Bousselham, et enfin Tanger pour une traversée vers Sète à bord du Biladi...

Les chiffres du jour : Rabat, Salé, Rabat : 30,41 km mine de rien - 12,48 km/h.

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