Aujourd'hui Lundi 26 Février 2007, je commence la journée et la semaine par une grasse matinée, ce n'est pas dans mes habitudes, c'est la deuxième depuis mon départ de la maison le 1er Février. C'est un rayon de soleil qui me réveille en passant par les grilles de ma chambre au sous-sol de la maison d'Antoinette. Un soleil ne doit jamais rester trop longtemps seul derrière une grille. Je file vers mon cyber-café et pendant que je poste mes photos du Chellah et des Oudaïas, on m'appelle pour m'inviter à déjeuner. Je suis à la bourre et je n'aime pas me bousculer, sauf quand c'est pour la bonne cause...
Nous déjeunons avec Jean-Pierre et Mathieu son stagiaire géologue, à la "Veranda", à l'ombre des palmes et de l' immense cathédrale de Rabat. Ce n'était pas notre église mais j'y ai un souvenir extrêmement précis de ma confirmation : tous les "confirmés", nous avions embrassé ce jour-là sous l'imposante "nef" la main de l'évêque, une main replète ornée d'une grosse bague aux reflets d'améthyste... Jean-Pierre me remémore le nom de l'évêque en ce temps-là, Monseigneur Amédée Lefèvre, on oubliait parfois me dit-il les deux dernières voyelles de son prénom, pour faire de lui Monseigneur "Amed" : une forme d'humour qui réduisait le fossé qui peut séparer deux religions... Tout est bon pour réduire et combler ce genre de fossé...
Le menu nous arrive sur un tableau d'écolier... Il fait doux à l'ombre des palmes et dans l'ombre de Monseigneur Amed(ée)... L' hôtesse me conseille une papillote de dorade... Jean-Pierre nous choisit un vin rouge "Médaillon" divin, en harmonie avec l'environnement. Jean-Pierre exerce un fabuleux métier : il fait de la recherche d'EAU au Maroc par méthode sismique. Je vous l'ai dit et répété, l' EAU est ce qu'il y a de plus précieux sur terre. Comme dit Jean-Pierre, on pourra se passer de pétrole, jamais d'eau, et presque jamais de "Médaillon". Nous parlons de géologie, de sismologie, d'archéologie, de navigation, de Cap Juby (Tarfaya), de Saint-Exupéry, de Latécoère, de la Cordillère des Andes, de l'île de Chiloe, "mon île", de Francisco Coloanne, de Charles de Foucauld et des derniers lions de l'Atlas... On en a fait de beaux voyages sans quitter notre table de la "Veranda"... Et combien de nouveaux voyages se sont construits dans ma tête, il faudrait quelques vies pour pouvoir tous les vivre... Merci pour l'invitation Jean-Pierre, salut Mathieu, à bientôt du côté de Cap Juby...
Avant de nous séparer, en quittant la "Véranda", Jean-Pierre nous entraîne dans un superbe immeuble rénové qui a échappé à la démolition grâce à un sursaut d'intelligence humaine : cela existe encore parfois ce genre de sursaut. Ce bel immeuble abrite la Galerie du Bou-Regreg, de belles photos noir et blanc et la maquette de ce grand projet d'aménagement de l'estuaire entre Rabat et Salé, qui devrait durer une dizaine d'années... Tout en haut au centre de la maquette, on aperçoit le port de plaisance, déjà bien avancé, où je pourrai bientôt, pourquoi pas, amarrer mon petit compagnon du vent, mon fidèle "YEMAMBA II".
Quand nous finissons par nous séparer, la journée est bien entamée, on frise largement les seize heures, je n'ai plus qu'à enfourcher my sweet Ginet et rouler vers le rivage, retrouver le soleil là où je l'avais laissé hier, déclinant sur le souffle de l'Atlantique...
Sur la route de l'Océan, my sweet Ginet freine des 4 patins sous la frondaison flamboyante, exubérante, époustouflante de ce bougainvillier. Ce qui sépare le Purgatoire du Paradis doit ressembler à cela : au Purgatoire, on dort à même le sable des déserts, au Paradis on s'endort sur des nuages voluptueux de bougainvilliers... Il faudra que je retourne demander confirmation de tout cela au PPP, le Petit Père Piou...
Il est là le souffle de l'Atlantique, immuable. Ce souffle-là, c'est la respiration du monde... C'est la vie...
""J'ai vu se briser tant de vagues sur la plage, et j'ai chassé les ombres des nuages...""
""Elle est venue demander son chemin, j'ai cherché ses yeux voilés par sa main... Ramassant une brindille que la mer avait jeté, sur le sable mouillé je l'ai tracé... A travers les dunes elle a disparu, je ne sais pas si je l'ai revue... Vainement j'ai essayé de suivre les traces, que le vent, le vent, le vent efface... ""
""Je vais je viens, les chemins se nouent, sur le rivage mon espoir échoue... J'ai vu se briser tant de vagues sur la plage, et j'ai chassé les ombres des nuages...""
Ce soir encore, on a frisé le rayon vert... Un jour, je vous photographierai le plus beau rayon du monde, le plus éphémère..
La nuit tombe sur le rivage de la plus belle ville du monde... Ici rien ne change. Le souffle de l'Atlantique est immuable. C'est lui qui me berce depuis le tout premier jour, même quand je suis à l'autre bout du monde. Demain, nous irons longer les remparts de ma naissance jusqu'à la Maternité des Orangers, si tout le monde est bien sage, comme il se doit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire