lundi 26 février 2007

Jour 26 : Rabat, la plus belle ville du monde



Hier, j' avais acheté une carte routière du Maroc chez M 'Barek. Il était absent. J' y repasse ce Dimanche et nous évoquons le bon vieux temps jadis, le temps de "La Vie en Rose", le Jardin d'enfants où Maman avait à charge les premiers pas dans la vie scolaire de 90 enfants, dont ceux de M' Barek notre libraire...
Nous achetions chez M'Barek toutes nos fournitures scolaires, c'est un personnage à part entière de notre enfance. Je demande à M' Barek son secret pour garder la forme, il me dit : le travail, tous les jours le travail... Il m'apprend que notre épicier Saïd est mort, que Mahjoub, le cycliste, a déménagé. Je me souviens avoir tué une huppe au lance-pierre avec une bille de roulement achetée chez Mahjoub. J'avais récupéré mon investissement en lui revendant ce bel oiseau "mia d'riel", 100 riels, une fortune à l'époque. Je ne serais plus capable de toucher une plume du moindre oiseau, et si un jour on me demande des comptes au purgatoire des chenapans-chasseurs-de-moineaux, je dirai en baissant la tête : "je regrette sincèrement d'avoir tué la huppe, le loriot, le rouge-gorge, le merle et la fauvette baguée dans l'autre millénaire" Nous parlons aussi vélo avec M'Barek, il me dit que la gloire cycliste marocaine de notre enfance, El Gourch, vit toujours. El Gourch est vieux mais bien vivant, le vélo, ça conserve, le purgatoire des chenapans nous attendra encore un peu...





En quittant M'Barek, je remonte vers notre bonne vieille rue des Cadets de Saumur, je fais toutes les impasses traversières à la recherche de la maison de nos vieux amis Biolley. Je finis par reconnaitre ces grilles aux fenêtres entre lesquelles mon "frère" Hubert était resté coincé 4 heures en voulant s'échapper de sa chambre où il avait été consigné-puni. Il est fort probable que nous nous croisions lui et moi au purgatoire des petits chenapans terribles (le plus tard possible)... L'autre jour, je disais à mon parrain ce héros que non seulement je mérite le purgatoire, mais que je le revendique : on doit tellement s'ennuyer au Paradis...



Les faux-poivriers longent toujours la rue des Cadets de Saumur, leurs graines étaient des projectiles très prisés pour nos sarbacanes en tube de stylo Bic...



Après la rue des Cadets de Saumur, je longe les remparts du Palais Royal, pour me rendre au Chellah. Le Mechouar, c'est pour moi les premiers feux d'artifices de ma vie. Avec les parents, nous venions les contempler de cet endroit, sur la droite, et ils s'élevaient avec magie par dessus les remparts dans le ciel de la plus belle ville du monde...



Pas de feux d'artifices aujourd'hui, mais je suis gâté quand même : les drapeaux flottent dans la douceur de la brise printanière. En rentrant chez moi, c'est sûr, je vais dresser un drapeau au bout d'un bambou au-dessus du portail de my sweet home cévenole...







La voilà l'imposante porte d'entrée du Chellah...











Deux marabouts contemplent le Chellah depuis la colline voisine...







Antoinette, 93 ans, elle peut lire ça sans lunette...



Le Chellah intra-muros...



Les cigognes sont aussi paisibles que l'esprit des "saints"  dans ce jardin printanier...































A la sortie du Chellah, un homme brandit son bouquet de capucines qu'il s'apprête à ligaturer avant de le vendre au passant ou de l'offrir à sa douce. Ah! l'amour, les fleurs, les promesses, les serments...



Le Mausolée du Roi Mohamed V : je me souviens de sa mort, nous revenions une fois de plus de notre petite plage de Bouknadel un dimanche de Février 1961: tout le long de la route, des scènes de détresse, des pleurs, des cris, des larmes, une émotion plus que palpable et sans retenue...







On monte la garde aux abords du Mausolée...



La fameuse Tour Hassan, c'est le coeur de Rabat...







L'embouchure du Bou-Regreg est livrée à d'immenses travaux d'aménagement... Le charme traditionnel des barcassiers recule un peu, le futur est en marche avec la construction d'un grand port de plaisance. Une idée de voyage s' éveille en moi : rallier Rabat par la mer avec mon petit 8 m, mon "compagnon du vent", qui sommeille sous les falaises de Leucate d'où Henri de Monfreid s'est élancé jadis pour ses célèbres voyages vers la Mer Rouge...







Promenade dans la Kasbah des Oudaïas... Le bleu, c'est la couleur des portugais, elle éloignerait les moustiques. Le blanc, c'est la couleur de l'Islam... Un bien beau mariage pour le regard...







Tout en haut de la Kasbah, je m'arrête chez Malika pour me restaurer. Malika, c'est la reine des sardines grillées, des merguez, des raïfs et du thé à la menthe, j'en vide une théïère sans sourciller, cela l'amuse. Pour rentrer chez Malika, il faut baisser la tête, c'est tout petit, 2 tables et 3 chaises, c'est comme j'adore, je suis dans l'ombre d'un tout petit havre, je vois la rue et la rue ne me voit pas...































Le temps d'une photo, j'autorise my sweet Ginet à faire quelques pas avec un inconnu, quelques tous petits pas et pas un de plus...








La vue du café Maure des Oudaïas. Nous  venions déjà au temps jadis, avec nos parents, et les parents de nos parents savourer ici nos tous premiers thés à la menthe.







En quittant les Oudaïas, passage obligé par la rue des Consuls et la rue Souika... La Médina est très animée, vivante, vous trouverez ici tout ce dont vous rêvez, même un Dimanche...



















Après l'animation du monde des vivants, un endroit plus reposant entre la Kasbah et le grand Océan... Ici règne la quiétude des gisants.



Le grand Phare de Rabat, il est pour moi aussi important que l'éolienne du jardin disparu de mon enfance. Le phare est là pour guider au plus loin le marin.  "" Il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts et les marins""  Si vous vous sentez parfois à la frontière entre ces mondes, c'est que vous avez de la veine d' avoir un peu d'eau de mer dans les veines...















Cette houle qui vient mourir sur le rivage de Rabat, c'est la respiration immuable de l'Atlantique



































La nuit tombe sur le plus bel Océan du monde. Nous roulons doucement avec my sweet Ginet vers ma chambrette de la maison d'Antoinette à l'Agdal. Au passage, nous saluons les lumières du Balima et de la Gare de Rabat-Ville... Demain, nous écouterons une fois encore la respiration de l'Océan, si tout le monde reste sage comme il se doit...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire